Localised Accumulation
Localised Accumulation
Ce terme désigne une série de pièces réalisées à partir de l’accumulation d’objets disparates, de rebus divers glanés en des lieux et à des moments particuliers. Ces objets représentent des portions d’histoires oubliées, dégradées, anecdotiques voire dérisoires, qui pourtant font sens lorsqu’elles sont mises en rapport. L’accumulation, la mise en réseau des fragments fait œuvre. Elle pose aussi la question de la nature du lien entre les éléments.
Accumuler/Composer/Coller/Couler/Tisser
J’ai d’abord commencé par ramasser divers objets de greniers ou de caves, planches, bouts de ferrailles… pour créer des compositions libres (Saint, 3X4, Rue des Mag’).
Pour Bucarest (résidence 2005), les objets deviennent scénario. Cousus sur une toile, ils dessinent une allégorie de la ville, de ses réseaux et de ses habitants. Mais la narration semble détourner les objets de leurs histoires originelles, originales. La composition raconte autre chose.
J’ai alors coulé des fragments dans la résine à la manière des inclusions d’Arman. Ca marche très bien, mais les éléments sont justement « coulés ». Ils sont pris dans une matière qui les recouvre tout ou partie. Cette matière les met en valeur et les magnifie, elle rend de la noblesse à ce qui était dégoûtant, rejeté. Elle donne corps à ce qui était éparse. Mais en même temps, elle cristallise, elle vitrifie, elle est fragile et modifie encore une fois profondément la nature propre des éléments.
Ile de Ré #1 et #2, explore l’idée de collection à partir de déchets de plage classés et directement collés sur un fragment de planche. Ils sont triés par couleur, allusion directe à Tony Cragg.
La collection, l’archivage, m’intéressent beaucoup, mais je voudrais faire disparaître le fond (Eclats), que les éléments soient pris pour ce qu’ils sont, non recouverts mais reliés entre eux et suspendus, en lévitation dans l’espace…
J’explore alors par hasard une couture au fil de silicone. La trame est souple, transparente, fine, elle se suspend dans l’espace comme une toile d’araignée, s’adapte à tout support et laisse les fragments dans leur état d’origine. First Blue est la suspension d’une bouteille éclatée.
Le travail du verre, de la couleur et de la transparence m’ouvre les portes d’une nouvelle dimension liée à la lumière. Le dispositif joue en filtre, en caléidoscope. La structure siliconées donne à voir la nature des rapports entre les éléments. La couture et la ligne qu’elle dessine dans l’espace, le jeu du report des efforts dans la trame, tout ceci raconte à la fois la vérité et la fragilité des éléments pris individuellement et la cohérence, la souplesse et la résistance de leur mise en réseau.